Trouble de la mémoire chez l’enfant : comment l’accompagner ?

Trouble de la mémoire chez l'enfant : comment l'accompagner ?

Ce que l’on appelle les troubles de la mémoire, troubles mnésiques ou amnésies, désignent l’ensemble des troubles qui affectent les capacités de mémorisation ou de restitution d’une information mise en mémoire. Il arrive que les troubles de la mémoire touchent les enfants. Comme ces troubles prennent des formes très diverses, en raison du fonctionnement complexe de la mémoire, essayons d’y voir un peu plus clair, et surtout de savoir comment accompagner un trouble de la mémoire chez l’enfant !

Quels sont les troubles de la mémoire ou troubles mnésiques ?

Quels sont les troubles de la mémoire ou troubles mnésiques ?
Photo de cottonbro provenant de Pexels

Pour bien comprendre ce que peuvent être les troubles mnésiques, il faut comprendre ce qu’est la mémoire : et c’est un processus cognitif complexe, qui requière l’activation de différentes aires cérébrales dans le cerveau (l’hippocampe par exemple, souvent touché dans la maladie d’Alzheimer, bien connue pour créer des troubles de la mémoire) mais aussi de nombreux réseaux de neurones différents. 

Il existe en fait différents types de mémoire, parce qu’on utilise processus de mémorisation (en différentes étapes) pour être capable, à la fin, de retenir une information ou un savoir-faire, et de le restituer par la suite. On distingue par exemple la mémoire à court terme et la mémoire à long-terme. Dans cette dernière, il y a une mémoire déclarative (dont on est conscient) et une mémoire non-déclarative (inconsciente, qui comporte notamment la mémoire procédurale, qui nous permet par exemple de savoir faire ses lacets sans y penser, ou de faire du vélo sans réfléchir). Nous possédons aussi une mémoire sémantique (nos connaissances générales) ainsi qu’une mémoire épisodique, aussi appelée autobiographique. Évidemment, ces mémoires « travaillent ensemble », peuvent être mobilisés parallèlement ou successivement pour nous permettre d’apprendre quelque chose de nouveau ou de retrouver une information qu’on a conservée en mémoire. 

Il y a classiquement trois troubles de la mémoire différents : l’amnésie rétrograde (on perd des souvenirs qui datent d’avant le début d’une maladie qui cause le trouble de la mémoire), l’amnésie antérograde (on n’arrive pas à se créer de nouveau souvenirs depuis l’apparition des troubles de la mémoire) et l’amnésie lacunaire (on oublie les souvenirs sur une période donnée, par exemple pendant une crise d’épilepsie, mais on conserve tous les autres souvenirs).  Les troubles mnésiques peuvent également porter plutôt sur un certain type de mémoire évoqué précédemment : par exemple, un trouble de la mémoire à court terme peut rendre la réalisation d’une tâche impossible, parce que la personne oublie au fur et à mesure ce qu’elle est en train de faire (et notamment l’objectif de ce qu’elle fait).

Il y a des multiples causes possibles aux troubles de la mémoire. Les troubles mnésiques peuvent apparaître à la suite d’une lésion cérébrale, causée elle-même par un AVC, une maladie neurodégénérative, une maladie neurologique comme une encéphalite, une anoxie cérébrale ou encore un traumatisme crânien, qui concerne malheureusement aussi les enfants. Les troubles de la mémoire, qui peuvent être permanents, mais aussi transitoires, peuvent aussi être liés à la prise de certains médicaments (comme des somnifères), à des carences nutritionnelles, à des crises (d’épilepsie, par exemple), à un manque de sommeil ou encore à des troubles psychologiques (comme la dépression). Les troubles mnésiques peuvent enfin être associés à d’autres troubles, notamment en raison des liens entre la mémoire et l’attention. Un enfant qui souffre de TDAH (trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) par exemple, ou un enfant qui souffre de dysphasie (de trouble du langage) peut avoir des difficultés mnésiques en raison de son trouble initial. C’est pour cela que pour aider un enfant TDAH, il faut trouver des stratégies adaptées, notamment de mémorisation, pour permettre les apprentissages malgré le déficit de l’attention. 

Pour les enfants, il faut bien retenir qu’un trouble de la mémoire, ou des difficultés de mémorisation/de restitution d’une information peuvent entraîner, être entraînés ou empirer les troubles des apprentissages. Les enfants dys (qu’il s’agisse de dyscalculie, dysorthographie, dyslexie, qui sont les troubles des apprentissages) ont des difficultés qui ont tendance à se renforcer et à impacter les résultats scolaires. Il est donc important de les prendre en charge ! 

Quelles conséquences sur la vie de l’enfant et de sa famille ?

Quelles conséquences sur la vie de l'enfant et de sa famille ?
Source : Pixabay

Les conséquences d’un trouble de la mémoire sur la vie de l’enfant et de sa famille dépendent évidemment de la nature et de la sévérité des difficultés mnésiques, mais aussi des troubles qui sont associés. Par exemple, un enfant qui a un handicap intellectuel et des difficultés de mémorisation demandera beaucoup d’accompagnement et une importante présence de sa famille ainsi que des aménagements assez lourds à l’école, car il aura peu d’autonomie. 

Du côté de l’enfant, le principal problème posé par des troubles de la mémoire, c’est le retard qui peut être pris dans les apprentissages scolaires, auquel s’ajoute un manque d’autonomie. Il est donc important de détecter rapidement les troubles pour éviter que les conséquences n’entravent trop fortement le développement. Les enfants peuvent donc avoir besoin d’une aide à l’école, d’aménagements spécifiques, voire d’aller dans des classes spécialisées. 

Côté famille, les parents seront forcément mobilisés auprès d’un enfant qui a des troubles de la mémoire, parce que l’enfant a besoin d’être stimulé. Les professionnels de la santé, que les parents doivent aller consulter s’ils suspectent des difficultés d’ordre mnésique, sont aussi là pour répondre aux questions des parents et aider à trouver les moyens de bien faire. Lorsque l’enfant a des frères et sœurs, il faut veiller à ne pas les délaisser le reste de la fratrie. 

Comment soigner les troubles de la mémoire chez l’enfant ?

Comment soigner les troubles de la mémoire chez l'enfant ?
Source: Pixabay

Pour ce qui est de soigner, là encore, tout dépend de la nature des troubles de la mémoire de votre enfant. Si votre enfant a des troubles mnésiques à la suite d’un traumatisme crânien, par exemple, qui a causé une lésion cérébrale, il aura sans doute des troubles mnésiques toute sa vie. En effet, quand le cerveau est lésé, même si les neurones sont capables de faire preuve de plasticité et de créer d’autres connexions, ils ne peuvent jamais totalement remplacer les neurones qui ont été détruits. Par contre, il est possible de travailler avec l’enfant pour lui proposer des stratégies alternatives, qui vont lui permettre de compenser ses difficultés et de réussir les tâches de la vie quotidienne malgré son trouble de la mémoire. 

Si votre enfant souffre de TDAH ou d’un trouble dys, et qu’il est pris en charge par rapport à ces difficultés, les troubles de la mémoire peuvent s’atténuer voire disparaître à mesure que l’enfant progresse sur le plan de l’attention ou de la lecture, par exemple. Si ce sont des variables psychiques qui conduisent aux troubles de la mémoire (une dépression infantile par exemple), la mémoire sera également rétablie une fois la cause des troubles éliminée. 

Soigner les troubles de la mémoire chez l’enfant, ou plutôt les prendre en charge, demande donc une adaptation très forte au profil de l’enfant, une compréhension fine de ses difficultés, et une prise en charge pluridisciplinaire que l’on va évoquer. Retenez cependant qu’au total, un enfant qui présente des troubles de la mémoire ne le fait pas exprès : rien ne sert de se fâcher ou de hausser le ton parce qu’il a encore oublié son manteau à l’école. L’enfant qui reste les bras ballants face à un dessin qu’il a commencé n’est pas forcément paresseux, il oublie peut-être à mesure ce qu’il est en train de faire, et donc entre-temps il ne se souvient plus qu’il cherchait un crayon bleu pour dessiner le ciel. À l’école, c’est la même chose : un enseignement peut rapidement avoir tendance à trouver l’élève peu investi, désintéressé ou au contraire trop brouillon, alors qu’il souffre en fait de troubles de la mémoire (et potentiellement d’un autre trouble associé).

Les troubles de la mémoire étant complexes, difficiles à comprendre et à accepter pour un parent (qui a tendance, et c’est normal, à dire à son enfant de faire attention), il faut se faire accompagner par les bons professionnels.  

Une prise en charge pluridisciplinaire

Un enfant qui présente des difficultés à l’école et à la maison, qui a l’air d’oublier des choses, ou qui présentent d’autres symptômes inexpliqués, peut évidemment être emmené chez un pédiatre, le médecin spécialiste des enfants. Le pédiatre pourra poser un diagnostic médical, mais il s’appuiera souvent sur l’expertise fine d’autres professionnels de la santé pour le guider. En cas de troubles de la mémoire sévère et précoces, il peut vous orienter vers un neurologue, qui ira investiguer les lésions cérébrales qui pourraient expliquer les troubles. 

Dans la gestion des troubles de la mémoire, on ira généralement voir un psychomotricien pour enfant : c’est un peu le passage obligé, puisque ce professionnel travaille à la rééducation des troubles psychomoteurs et qu’il peut dresser un bilan psychomoteur, qui évalue notamment les troubles de la mémoire. On peut aussi aller consulter un neuropsychologue, dont le travail sera l’évaluation très fine des troubles du petit patient, de ses difficultés, mais aussi des fonctions cognitives qui sont préservées. Cela permettra de quantifier la sévérité du trouble, mais surtout de savoir quelle forme peut prendre l’accompagnement, quelles stratégies on peut mettre en place avec l’enfant, en se basant sur ce qui fonctionne bien pour pallier ce qui ne fonctionne pas. 

Si l’enfant est dys, en particulier dysphasique (c’est-à-dire qu’il présente des troubles du langage), il faudra aller consulter un orthophoniste pour enfant. Ce professionnel sera à même d’évaluer et de prendre en charge les problèmes langagiers : si l’enfant semblait présenter des difficultés à mémoriser, ou à nommer les choses (comme s’il ne se souvenait de rien) alors qu’il avait en réalité des difficultés au niveau du langage, la rééducation orthophonique permettra in fine de dissiper le doute sur des problèmes de mémoire potentiels.

Enfin, quand il faut accompagner un enfant qui a des difficultés au niveau du fonctionnement moteur, on peut se tourner vers un kinésithérapeute pédiatrique.  Si votre enfant a des troubles de la mémoire consécutifs à une lésion cérébrale par exemple, il vous sera fortement conseillé d’aller consulter ce professionnel de la santé : il ne va pas travailler sur la mémoire en tant que telle, bien sûr, mais la rééducation du corps, notamment après un traumatisme crânien, est une étape très importante. Avant même d’évaluer les déficits cognitifs qui découlent d’une atteinte corporelle, il faut que l’enfant soit bien dans son corps et recouvre ou pallie ses difficultés motrices. 

En résumé : les troubles de la mémoire sont très divers, au niveau de leur nature, de leur sévérité, de leur spécificité ou de leur association avec d’autres troubles. L’étude de la mémoire est un champ de recherche très actif dans le monde scientifique, ce qui prouve que nous sommes loin d’en avoir percé tous les mystères. Si votre enfant semble présenter des difficultés à mémoriser, à reconnaître des visages pourtant connus, des difficultés d’apprentissage à l’école, il est important d’alerter des professionnels de la santé pour vous orienter. On ne va pas vous le cacher, il s’agira sûrement d’un parcours du combattant, et vous irez consulter de nombreux professionnels. Mais les troubles mnésiques n’étant pas forcément irréversibles ou définitifs, et des mesures adaptées à votre enfant pouvant vraiment l’aider, il ne faut pas hésiter à en discuter au plus vite avec des professionnels ! 

Photo de couverture Emma Bauso provenant de Pexels