Comment aider un enfant dysgraphique ?

Comment aider un enfant dysgraphique ?

La dysgraphie chez l’enfant est un trouble du développement psychomoteur qui peut être diagnostiqué avec l’aide du bon spécialiste. La dysgraphie, c’est la difficulté à bien tracer les chiffres et les lettres, à effectuer les gestes propres à l’écriture : cela rend l’écriture très lente, illisible et/ou très fatigante pour l’enfant. Ce trouble fonctionnel conduit à ralentir l’enfant, non seulement dans l’écriture, mais aussi dans ses apprentissages, et à influencer négativement sa réussite scolaire. Il est important de miser sur un vrai accompagnement des jeunes qui présentent une dysgraphie, de détecter au plus tôt ce trouble et ceux qui peuvent y être associés, de bien comprendre que l’élève n’est ni paresseux, ni très peu soigneux. Le psychomotricien sera le professionnel clé pour aider l’enfant à dépasser ces difficultés graphiques. 

 

Qu’est-ce que la dysgraphie ?

Le terme « dys » tient son origine du grec ancien « handicap », et « graphia » se traduit par « écriture ». La dysgraphie, comme le dit le Larousse, c’est le « trouble graphique qui s’exprime au niveau des composantes spatiales de l’écriture ». Pour bien comprendre et éviter les confusions, sachez que : 

  • La dysgraphie fait partie des troubles du langage écrit, au même titre que la dyslexie et que la dysorthographie. 
  • Ces trois troubles « dys » font eux-mêmes partie des troubles des apprentissages : la dyslexie c’est le trouble de l’apprentissage de la lecture, la dysorthographie c’est le trouble de l’apprentissage de l’expression écrite, la dysgraphie celui de l’écriture. 
  • La dysgraphie, c’est donc un trouble des apprentissages, plus spécifiquement un trouble du langage écrit, qui concerne encore plus spécifiquement l’écriture, au sens graphique du terme. 
  • Un enfant dysgraphique aura de grandes difficultés dans l’écriture : le fait d’écrire (surtout en attaché), de tracer les lettres cursives avec un stylo (la fameuse « composante spatiale de l’écriture ») demandera énormément d’efforts à l’enfant, qui peut se montrer crispé sur son crayon. Le tracé des lettres ou des chiffres ne devient pas automatique, les caractères sont mal formés, précipités, les espaces entre les mots ne sont pas respectés, et l’écriture est finalement illisible ou très difficilement compréhensible. Pour vraiment parler de dysgraphie, sachez qu’il faut que ce trouble soit durable. 

Un point important concernant la dysgraphie chez l’enfant, c’est que ce trouble de l’écriture est observé en l’absence d’atteinte cérébrale et neurologique, tout comme en l’absence de handicap intellectuel. Cela signifie que les dysgraphiques sont d’intelligence normale et ont un développement psychomoteur habituel. Pour réellement parler de dysgraphie, les enfants ne doivent pas non plus présenter de maladie psychique ou de trouble psychologique (qui pourraient expliquer cette écriture illisible), et les dysgraphiques n’ont pas non plus de problème moteur (imaginons une maladie qui affecte les doigts, à la manière de l’arthrose chez les personnes âgées : cette maladie qui bloquerait les articulations pourrait expliquer par des causes mécaniques, purement physiques, que l’enfant « écrit comme un cochon », et on ne parlerait alors pas de dysgraphie). Les causes organiques sont donc éliminées avant de parler de dysgraphie : le problème se situe au niveau du développement cognitif. 

 

Par contre, il n’est pas rare de repérer d’autres troubles chez un enfant qui présente une dysgraphie : TDAH, dysphasie (ici, c’est un trouble du langage oral), dyspraxie, dyscalculie… La présence conjointe de différents troubles des apprentissages et l’impact qu’ils ont sur le bien-être à l’école et sur la capacité à apprendre rendent nécessaire une détection précoce et une prise en charge rapide. 

 

Nous ne nous attarderons pas sur la cause de la dysgraphie, ou plutôt les causes possibles de ce trouble : elles sont diverses et dépendent de chaque individu. Sachez seulement qu’un enfant peut être dysgraphique en raison d’un trouble de la latéralité, d’une mauvaise perception du schéma corporel, d’une immaturité cognitive au moment de l’apprentissage de l’écriture, ou encore parce qu’il est dyspraxique (la dyspraxie étant la difficulté à coordonner et réaliser des gestes et activités volontaires), ce qui entraîner une dysgraphie (l’écriture étant faite de gestes volontaires). Le plus important, c’est de repérer le plus rapidement possible la dysgraphie chez l’enfant, ainsi que les potentiels troubles associés.

 

 

Repérer la dysgraphie chez l’enfant

La dysgraphie est un trouble relativement facile à repérer. 

 

Commençons par quelques repères sur le développement normal de l’écriture chez l’enfant. L’apprentissage de l’écriture se fait en plusieurs temps : d’abord, le petit d’homme a commencé, dès la maternelle, à manier des feutres et des crayons de couleurs : au départ pour gribouiller et colorier grossièrement, et peu à peu l’enfant va vers des dessins plus figuratifs, les personnages qui ont de plus en plus de détails par exemple. À la sortie de la maternelle, un enfant sait généralement bien tracer et reconnaître les lettres de son prénom en majuscules, voire toutes les lettres de l’alphabet en capitale et celles de son prénom en minuscules. Au CP, vers 6-7 ans, on apprend réellement à écrire, en même temps que l’on apprend à lire. On parle du stade pré-calligraphique (6-7 ans, précisément), durant lequel on apprend à former les lettres. Dans ce stade, l’enfant doit s’appliquer pour bien reproduire les modèles, il prend du temps, n’y arrive pas toujours bien, tient parfois mal son stylo et doit être repris par l’enseignant, et tout son petit corps semble être mobilisé dans l’exercice qui lui demande encore beaucoup de concentration. S’ensuit, entre 8-12 ans, la phase calligraphique, durant laquelle l’écriture devient plus fluide et plus régulière : l’enfant sait bien tenir son stylo et ne mobilise plus que son bras pour écrire. 

 

Ce sont les enseignants et les parents qui peuvent suspecter, dans un premier temps, une dysgraphie chez l’enfant. L’enseignant peut par exemple constater, en classe, la lenteur de l’élève par rapport à ses camarades dans les tâches d’écriture, alors même qu’il n’a aucun retard intellectuel. Les signes qui peuvent faire penser à une dysgraphie sont : 

  • Une lenteur du geste pendant l’écriture.
  • Des mots qui sont de plus en plus illisibles au fil de l’activité.
  • Des plaintes de l’enfant qui ressent des douleurs à la main, au poignet ou aux doigts (parce qu’il est crispé sur son stylo).
  • Une prise en main de l’outil d’écriture qui n’est pas adéquate (doigts très serrés ou pas assez, prise en main du stylo dans la main plutôt qu’entre les doigts).
  • Une écriture qui a l’air peu soignée, brouillonne : les lettres sont mal tracées, de taille inégale, trop rapprochées, l’écriture manque d’espace et finalement le tout est illisible. 

 

Il faut connaître la dysgraphie et savoir suspecter sa présence, parce que parents comme enseignant peuvent aussi être tentés de réprimander l’enfant qui écrit mal, qui ne semble pas soigneux, qui ramène des cahiers illisibles à la maison le soir : or, ce n’est pas un manque d’intérêt, mais de réelles difficultés dans l’écriture. La dysgraphie pouvant impacter les apprentissages scolaires et ces réprimandes l’estime de soi, il faut être attentif et se tourner vers les bons professionnels pour établir un diagnostic. 

Le diagnostic de ce trouble, justement, ne pourra pas vraiment se faire avant l’âge de 8 ans (stade calligraphique) : on peut suspecter des difficultés dans l’écriture, mais un diagnostic serait trop précoce, l’enfant n’ayant pas encore eu suffisamment le temps d’appréhender l’exercice de l’écriture et pouvant seulement être un peu plus lent que les autres. 

 

Par la suite, différents spécialistes peuvent investiguer la présence de ce trouble fonctionnel chez l’enfant. On peut citer : 

  • Le psychomotricien.
  • L’orthophoniste.
  • Le psychologue ou le neuropsychologue.
  • Le pédopsychiatre (qui est médecin).
  • Le neuropédiatre (qui est également médecin).

 

Seul un médecin sera en mesure de poser formellement le diagnostic : un pédiatre peut le faire, par exemple. Il sera par contre évidemment aidé par les éléments amenés par les autres professionnels, qui eux auront la charge d’évaluer les capacités d’écriture de votre enfant. Si vous suspectez une dysgraphie chez votre enfant ou votre élève, n’hésitez donc pas à vous tourner soit vers un médecin, soit vers le psychologue scolaire, ou encore vers un orthophoniste (mais attention, la liste d’attente est parfois longue). Un psychomotricien est également très utile, mais n’étant pas remboursé par la Sécurité sociale, on peut n’aller le voir qu’une fois que la dysgraphie est diagnostiquée et qu’il faut accompagner l’enfant dans ce trouble. 

 

Repérer la dysgraphie chez l’enfant
Par Veja / Shutterstock

Comment aider un enfant dysgraphique ?

La rééducation, ou plutôt l’accompagnement, est le meilleur moyen d’aider un enfant dysgraphique. Plus tôt il est pris en charge par un spécialiste, plus efficace sera le travail et meilleurs seront les résultats. 

 

Le psychomotricien est l’un des experts les plus conseillés pour évaluer finement les difficultés de l’enfant et trouver les techniques pour lui permettre de dépasser ses difficultés graphiques. Le spécialiste commencera par discuter avec la famille et l’enfant, et par le regarder écrire, pour évaluer les difficultés, mais aussi comprendre ce qui fonctionne bien. Il observera par exemple de manière attentive la façon dont l’enfant tient son crayon, et demandera quels stylos il a l’habitude d’utiliser. Tout un travail sera ensuite fait ensemble sur les outils mobilisés pour écrire : certains stylos sont plus ou moins ergonomiques, donc plus ou moins faciles à tenir. Le fait de changer de stylo et d’en trouver un qui rende l’écriture « agréable » peut donc déjà être utile pour aider un dysgraphique. Un travail sera aussi mené sur la façon de bien tenir son outil d’écriture. Enfin, des « manchons » peuvent être ajoutés aux stylos afin d’améliorer la prise en main de ces instruments. Un ergothérapeute peut aussi être très précieux pour cela. 

 

Le psychomotricien pourra aussi proposer un test type « BHK » pour enfants – dont une version existe pour les adolescents. Cet outil permet au spécialiste de mieux connaître les difficultés de l’enfant et de proposer ensuite une prise en charge finement adaptée. Le psychomotricien proposera différentes activités à l’enfant, pour le faire progresser dans sa gestion et sa perception de l’espace, pour l’aider à se détendre quand il écrit, pour viser une meilleure perception du schéma corporel et une meilleure coordination dans l’espace. 

 

Le psychomotricien pourra enfin conseiller de faire des aménagements du plan de travail à la maison, mais aussi à l’école (des tiers temps peuvent aider les enfants dysgraphiques, qui sont plus lents que les autres dans la rédaction). Pour les dysgraphies les plus sévères, la solution peut être de travailler sur un ordinateur. 

Comment aider un enfant dysgraphique ?
Par Elena Chevalier /Shutterstock

 

Quelle attitude adopter avec un enfant dysgraphique ?

Pour faire progresser un enfant dysgraphique, il faut avant tout faire preuve de patience. Inutile de le gronder si ses écrits sont illisibles : on l’a déjà dit, il n’y est pour rien, et vous allez seulement diminuer sa confiance en lui, le blesser, et lui enlever sa motivation. Un enfant dysgraphique éprouve déjà des difficultés lors de l’activité d’écriture : pour lui, écrire n’a rien d’agréable, cela nécessite une immense concentration pour un piètre résultat. Il faut donc éviter au maximum d’amoindrir sa motivation à écrire, et essayer au contraire de lui rendre cette activité agréable, ludique, non rébarbative, d’être positif et patient. On évitera de lui rabâcher que bien écrire, c’est important pour toute sa vie : cela risque de lui mettre la pression et d’être contre-productif. C’est d’autant plus important qu’un enfant dysgraphique découragé ne le sera pas seulement sur le plan de l’écriture : la démotivation risque d’affecter l’ensemble de ses apprentissages et provoquer in fine un retard scolaire. On rappelle qu’en plus, la dysgraphie qui entraîne une lenteur dans l’écriture empêche l’enfant d’être disponible pour d’autres apprentissages…

 

La dysgraphie survient bien souvent au début des années d’école primaire, au moment où l’enfant se construit, mais aussi où il est exposé à un tas d’activités et d’apprentissages différents. N’hésitez donc pas à encourager votre enfant, en étroite collaboration avec l’enseignant, à la fois dans ses apprentissages de l’écriture, mais aussi dans la découverte d’autres matières (les mathématiques, l’histoire, la lecture, les arts plastiques) qui peuvent être plus simples pour lui. Un enfant qui s’épanouit dans d’autres domaines que celui où il a des difficultés permet de lui donner confiance en lui, de lui envoyer une image positive de lui-même : il devient plus facile de le motiver pour travailler sur ses difficultés d’écriture. Finalement, la bonne attitude, c’est la parentalité positive

N’oubliez pas non plus que vous n’êtes pas seul face à la dysgraphie d’un enfant : les professionnels, tels que le psychomotricien, sont là pour l’accompagner, lui donner confiance, fournir des exercices adaptés à faire en séance, mais aussi à la maison pour améliorer l’écriture de l’enfant. Les bons spécialistes sauront s’appuyer sur ses forces pour pallier ses faiblesses.

 

Finalement, comme tous les troubles, la dysgraphie peut inquiéter : mais avec une attitude adaptée et un suivi mis en place rapidement, les troubles des apprentissages peuvent largement diminuer, voire être surmontés. Faites donc confiance à l’enfant et soutenez-le dans la positivité ! 

 

 

Source : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Difficultes_et_troubles_des_apprentissages_chez_l_enfant_a_partir_de_5_ans.pdf

 Image de couverture Par Aliona Rondeau/ Shutterstock