Pas toujours facile de comprendre les enfants dys : certains ont du mal à lire alors qu’ils comprennent très bien, d’autres ne parviennent pas à utiliser correctement les nombres et le raisonnement mathématique, d’autres encore s’expriment difficilement à l’oral alors même qu’ils ont une intelligence parfaitement normale… Les troubles dys sont divers et méritent que l’on s’y attarde, parce qu’une meilleure compréhension de ces troubles conduit à une meilleure prise en charge des enfants !
Quels sont les troubles dys ?
Ce qu’on appelle les « troubles dys », ce sont différents troubles dont un premier point commun se trouve dans leur nom. En effet, tous les troubles dys (appelés parfois « dys » tout court) commencent par ce préfixe : dyslexie, dyscalculie, dyspraxie… En grec, « dys » signifie « mauvais, erroné, difficile » : c’est ainsi que pour un dyslexique, c’est la lecture qui est difficile.
Les troubles dys ne forment cependant pas une famille parfaitement homogène. En effet, trois des troubles « dys » s’appellent en réalité plutôt les troubles spécifiques des apprentissages. Il est plus correct d’utiliser cette appellation, qui vient du DSM-5 (la classification internationale de référence) : parler de troubles spécifiques des apprentissages permet de comprendre qu’il s’agit de difficultés à apprendre et à utiliser des compétences scolaires. On trouve, dans les troubles spécifiques des apprentissages :
- La dyslexie – qu’on devrait appeler trouble spécifique des apprentissages avec déficit de lecture. Les enfants dyslexiques ont des difficultés à lire (la lecture est inexacte ou lente) et quand ils lisent, ils ont du mal à comprendre le sens et/ou ils ont du mal à épeler.
- La dysorthographie – ou trouble spécifique des apprentissages avec déficit de l’expression écrite. Les enfants dysorthographiques ont des difficultés au niveau de l’expression écrite (attention donc : un enfant uniquement dyslexique a des difficultés seulement sur la lecture ; s’il a du mal à orthographier correctement les mots à l’écrit, c’est qu’il est dysorthographique, et rien n’empêche qu’il ait à la fois une dyslexie et une dysorthographie).
- La dyscalculie – ou trouble spécifique des apprentissages avec déficit du calcul – qui conduit les enfants dyscalculiques à rencontrer des difficultés avec ce qui touche aux nombres (comprendre un raisonnement mathématique, manipuler des nombres).
Les troubles spécifiques des apprentissages sont souvent liés à d’autres troubles, parmi lesquels on retrouve des troubles dys :
- La dysphasie : c’est le trouble du langage oral, qui entraîne des difficultés expressives et des difficultés réceptives.
- La dyspraxie : c’est le trouble de la coordination, aussi appelé trouble des acquisitions motrices.
- Et même si ce n’est pas un trouble dys à proprement parler, le TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) qui est fortement lié aux troubles des apprentissages.
En résumé : il existe trois troubles spécifiques des apprentissages, qui sont souvent associés à la dysphasie, à la dyspraxie et/ou au TDAH. Par exemple, on comprend aisément un enfant dyspraxique (qui a du mal à coordonner ses mouvements) ou un enfant qui souffre d’un TDAH (donc de difficultés attentionnelles) puisse présenter une dyslexie (des difficultés de lecture). Pour avoir des explications encore plus exhaustives sur chacun des troubles dys, on vous recommande ce dossier de l’INSERM.
Comment les diagnostiquer ?
Les troubles dys, au même titre que les troubles de la mémoire chez l’enfant, doivent être diagnostiqués le plus précocement possible. En effet, on a vu que trois des troubles dys étaient appelés « troubles des apprentissages » : souffrir d’une dys- conduit rapidement l’enfant à prendre du retard dans ses apprentissages, et bien souvent à développer un rejet de l’école, à s’isoler des autres, à perdre confiance en lui, etc. Diagnostiquer rapidement les troubles, c’est avoir la possibilité d’intervenir au plus vite pour limiter les répercussions négatives sur la vie de l’enfant !
Le diagnostic des troubles dys commence par éliminer d’autres causes qui pourraient expliquer les difficultés de l’enfant : pour parler de trouble dys, il faut que l’enfant n’ait aucun handicap intellectuel, aucun déficit sensoriel (par exemple : une mauvaise vue), pas de maladie psychiatrique et que ses difficultés ne s’expliquent pas non plus par un contexte psychosocial particulier (par exemple : une situation familiale très compliquée qui retentirait sur les apprentissages de l’enfant).
Le diagnostic d’un trouble dys sera toujours posé par un médecin, sur la base de critères diagnostics précis (par exemple, les troubles doivent durer depuis un certain temps, avoir commencé avant un certain âge, etc.). Cependant, d’autres professionnels de la santé peuvent intervenir dans la démarche de dépistage des difficultés de l’enfant : c’est le cas d’un psychologue (notamment spécialisé en neuropsychologie), d’un orthophoniste pour enfant ou encore d’un psychomotricien pour enfant qui peuvent réaliser des bilans détaillés afin d’affiner le diagnostic et de spécifier le trouble de l’enfant (notamment son étendue et sa sévérité).
Parents, sachez qu’il arrive souvent que les instituteurs ou les maîtresses d’école suspectent la présence d’un trouble dys chez un enfant : en effet, ils ont l’habitude d’avoir des élèves et peuvent remarquer des difficultés chez votre enfant. Ne culpabilisez pas de ne rien avoir remarqué et emmenez votre enfant faire un bilan : les professeurs peuvent se tromper, mais s’ils ont raison, c’est un premier pas pour accompagner votre enfant vers de meilleures conditions d’apprentissage.
Quelles sont les causes de la dyslexie ?
On ne connaît pas bien les causes de la dyslexie : au même titre que les autres troubles dys, son étiologie reste encore mystérieuse, bien que le facteur génétique semble avoir son importance (c’est-à-dire que des gènes pourraient être responsables du trouble).
Nous avons déjà précisé que la dyslexie n’était pas causée par un déficit intellectuel ou par un trouble mental. On pense par contre que certaines dyslexies seraient en partie la conséquence de troubles de l’attention visuelle. On sait aussi, en ayant comparé par IRM l’activité cérébrale des personnes dyslexiques avec celles des personnes sans dyslexie, que le cerveau ne semble pas fonctionner de la même manière : les aires cérébrales activées ne sont pas exactement les mêmes, les neurones ne se connectent pas de la même façon. Pourquoi ? C’est cela qui reste mystérieux : la dyslexie est un trouble neurodéveloppemental (qui apparaît pendant la période de développement), mais on ne sait pas dire comment, ni pourquoi certains enfants sont dyslexiques et pas d’autres. Par contre, ce que l’on sait, c’est comment aider les enfants qui présentent ces troubles !
Comment aider les enfants dys ?
Bonne nouvelle : il y a des tas de choses à faire pour aider les enfants dys. Évidemment, l’accompagnement est toujours très individualisé : un même trouble, la dysphasie par exemple, prend des formes différentes selon les enfants. Tout le travail des professionnels qui entourent l’enfant, c’est justement de spécifier son trouble et de mettre en place les bonnes mesures pour l’aider.
Cependant, on peut vous donner quelques conseils qui sont valables pour accompagner tout enfant dys. Ces bonnes pratiques sont à consommer sans modération !
- Conseil 1 : trouvez des spécialistes en qui votre enfant et vous-même avez confiance. Imaginez : si un kinésithérapeute pédiatrique ne vous inspirait pas confiance pour manipuler votre bébé, vous ne l’emmèneriez pas chez ce professionnel. Ici, c’est pareil : il s’agit de créer un lien de confiance avec les ergothérapeutes, psychologues, psychomotriciens ou encore orthophonistes qui vont soutenir votre enfant dans ses apprentissages. Si vous vous montrez sceptique, votre enfant le sentira et ne s’investira pas dans ses séances ; il en va de même si les relations se passent très mal entre votre enfant et quelqu’un qui est là pour l’aider.
- Conseil 2 : soyez patient et à l’écoute de votre enfant. Il faut toujours garder à l’esprit qu’il n’est pas responsable de ses troubles dys : même si parfois, c’est fatigant, il faut rester au maximum patient et soutenir ses apprentissages, sans se fâcher parce qu’il « ne comprend rien » ou « ne fait aucun effort » – ce n’est pas le cas !
- Conseil 3 : maintenez le contact avec le maître ou la maîtresse d’école. Les professeurs sont aux premières loges pour voir les difficultés comme les progrès d’un enfant dys, il vaut mieux les tenir au courant et pouvoir en discuter que d’essayer de leur cacher : cela n’aidera pas votre enfant !
- Conseil 4 : suivez les conseils des professionnels et assistez aux séances quand ils vous le demandent. Lorsque la prise en charge d’un trouble dys est précoce et que les parents s’investissent, les difficultés d’apprentissage de l’enfant ont tendance à s’amoindrir.
- Conseil 5 : donnez-lui beaucoup d’amour, sans l’infantiliser. Votre enfant à des difficultés qui ne sont pas d’ordre intellectuel : sa petite tête marche bien, il faut donc stimuler sa curiosité et son ouverture d’esprit et ne pas rester focalisé sur son trouble.
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