Aider un enfant TDAH : ce que vous pouvez faire

Aider un enfant TDAH : ce que vous pouvez faire

Le TDAH, pour Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité, peut avoir un fort retentissement sur la vie d’un enfant comme sur celle de ses parents. Ce trouble, de mieux en mieux diagnostiqué, mérite que l’on s’y penche ; notamment parce que les parents et la famille sont des alliés très précieux pour aider un enfant TDAH. Voyons ce qu’est le TDAH et comment vous pouvez aider votre enfant, en particulier à la maison ! 

Est-ce que le TDAH est une maladie mentale ?

Commençons par mettre quelques points au clair sur le TDAH, et répondre à une question très fréquemment posée : le TDAH est-il une maladie mentale ? La réponse est non : le TDAH, ce n’est pas ce qu’on appelle une « maladie mentale », c’est un trouble neurodéveloppemental, ce qui signifie qu’il débute pendant la période de développement, avant la puberté. En fait, pendant la période critique qu’est l’enfance, un enfant continue de se développer et ses différentes fonctions cognitives se mettent en place (le langage, la motricité, la communication, l’apprentissage, etc.). Il arrive que ce développement ne se fasse pas bien : c’est là qu’on parle d’un trouble neurodéveloppemental. Ce problème dans le développement entraîne une altération du fonctionnement personnel, social et scolaire de l’enfant. 

 

Si la confusion est faite avec une « maladie mentale » (que l’on appelle aussi maladie psychiatrique), c’est parce que les classifications internationales comme le DSM-5 (qui regroupe les « troubles mentaux ») classent dans ces troubles mentaux à la fois des troubles dits psychiques – comme les troubles bipolaires, les troubles du spectre de la schizophrénie ou encore les troubles dépressifs – mais aussi les troubles neurodéveloppementaux comme le TDAH. Attention de ne pas tomber dans le piège qui consiste à dire qu’une maladie mentale « c’est dans la tête » – c’est plus compliqué. Retenez plutôt que quand on est du côté de la maladie mentale, il y a souvent une souffrance psychique (comme dans la dépression par exemple), il peut y avoir des comportements inadaptés (comme dans l’anorexie), parfois une altération de la réalité (comme dans la schizophrénie), et dans tous les cas une difficulté à être adapté au monde et à faire face aux épreuves de la vie, avec également des difficultés au travail et/ou dans les relations sociales. Sachez cependant que tout est histoire de classification, de définition, et que dans le domaine de la santé mentale comme des troubles neurodéveloppementaux, les choses bougent rapidement à mesure que les recherches scientifiques progressent. De son côté, le TDAH a eu beaucoup de noms différents dans le passé, comme « réaction hyperkinétique de l’enfance » par exemple – et malgré son nom, un kinésithérapeute pour enfant sera impuissant. L’important n’est donc pas tant de savoir que c’est un trouble neurodéveloppemental, mais plutôt comment il se caractérise. 

 

Le TDAH, trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, qui n’est donc pas une maladie mentale, comporte deux volets : 

  • C’est toujours un trouble de l’attention : il y a un déficit attentionnel, de l’inattention. Attention : on ne dira pas « trouble déficitaire de l’attention », cela ne veut rien dire (ce n’est pas le trouble qui est déficitaire)
  • Le déficit de l’attention est parfois lié avec de l’hyperactivité et/ou de l’impulsivité.

 

Il existe donc différentes formes de TDAH, et quand un diagnostic est posé, le type de TDAH est spécifié : parfois, le versant de l’inattention prédomine, parfois ce sont l’hyperactivité/l’impulsivité qui dominent, parfois enfin les deux dimensions sont combinées au premier plan. Il existe des critères précis pour poser le diagnostic de TDAH et le caractériser : nous y reviendrons. 

Est-ce que le TDAH est une maladie mentale ?
Par StepanPopov / Shutterstock

Quelles en sont les causes ?

Le TDAH, comme pour beaucoup de troubles neurodéveloppementaux, a plutôt une origine plurifactorielle : il n’y a pas une seule cause à l’apparition de ce trouble. C’est un trouble complexe, à l’instar des troubles de la mémoire chez l’enfant : les chercheurs continuent de travailler, mais on ne connaît pas l’étiologie précise du TDAH. 

 

Néanmoins, à l’heure actuelle, on peut dire : 

  • Qu’il y a vraisemblablement des facteurs génétiques : des recherches ont en effet montré qu’il y a 3 chances sur 4, voire 4 chances sur 5, que si un jumeau monozygote (les « vrais jumeaux ») a un TDAH, l’autre jumeau l’aura aussi ; elles ont aussi montré que le taux de prévalence du TDAH est 5 fois plus élevé dans les familles où un membre a un TDAH par rapport aux familles sans TDAH.
  • Qu’il y aurait des facteurs neurobiologiques : le TDAH serait en effet associé à des dysfonctionnements de certaines structures cérébrales, notamment les aires qui jouent un rôle dans le contrôle de l’éveil, de l’attention, de la vigilance et de l’inhibition du comportement (on parle ici du système limbique, du cortex préfrontal ou encore de l’axe hypothalamo-hypophysaire).

 

L’étiologie (les causes) du TDAH se complète de facteurs de risques : ils n’expliquent pas à eux seuls le trouble, mais peuvent favoriser son apparition. On peut citer :

  • Des facteurs de risques environnementaux : maltraitances, négligence précoce, exposition de l’enfant à des substances toxiques pendant la grossesse (alcool, tabac, drogues), exposition à des produits toxiques après la naissance (comme le plomb), anoxie périnatale.
  • Des facteurs favorisant le maintien/l’aggravation du trouble : relations familiales perturbées, rejet social, difficultés d’apprentissage, mode de vie agité (déménagements fréquents, parents qui font très régulièrement des déplacements professionnels, etc.) et comorbidités (comme un TSA ou un trouble spécifique des apprentissages).

À quel âge peut-on poser un diagnostic ?

Diagnostiquer un TDAH chez un enfant ne peut pas se faire à n’importe quel âge : il y a des critères diagnostics précis à respecter pour pouvoir parler de TDAH. 

  • Il faut que les troubles soient apparus avant l’âge de 12 ans.
  • Il faut que les troubles aient été observés dans au moins deux contextes différents (par exemple : à l’école et à la maison, ou bien avec les adultes et avec les amis).
  • Il faut que ces troubles altèrent significativement la vie de l’enfant : dans ses relations sociales avec les gens de son âge, dans ses apprentissages, dans son rapport avec les adultes, etc. Le TDAH fait partie des troubles que l’on nomme envahissants, qui ont une répercussion large sur la vie quotidienne.
  • Il faut que les troubles durent depuis au moins 6 mois.
  • Il faut attendre que l’enfant soit suffisamment âgé pour ne pas confondre le TDAH avec des comportements d’opposition et de « bougeotte », qui sont normaux en bas âge.

 

Ainsi, un diagnostic de TDAH peut être posé chez un enfant à partir de l’âge de 3-4 ans (pas avant). Les symptômes doivent être apparus avant l’âge de 12 ans, mais il peut arriver, assez rarement, de diagnostiquer un TDAH après cet âge. 

 

Sachez que seul un médecin pourra poser le diagnostic de TDAH chez un enfant (en général, ce sera un pédiatre, un neuropédiatre ou un pédopsychiatre). Par contre, un psychologue est tout à fait à même de repérer les différents symptômes du TDAH et de les transmettre au médecin pour guider son diagnostic : le psychologue peut recevoir les parents, le ou la maîtresse d’école et évidemment l’enfant, mais aussi aller observer directement les comportements de l’enfant en classe. Une fois diagnostiqué, l’enfant doit être pris en charge par une équipe pluridisciplinaire adaptée à son type de TDAH ; à la sévérité du trouble et aux comorbidités qui peuvent être présentes : certains enfants auront besoin d’un orthophoniste pour enfant et pas d’autres, par exemple. 

 

À quel âge peut-on poser un diagnostic ?
Par TomornP / Shutterstock

Aider un enfant TDAH à la maison : ce que vous pouvez faire au quotidien

Le TDAH, toujours diagnostiqué pendant l’enfance, peut évoluer de 3 manières : 

  • Soit les symptômes s’atténuent voire disparaissent à l’adolescence/début de l’âge adulte (un peu moins d’1/3 des enfants).
  • Soit les symptômes persistent à l’âge adulte en entraînant des difficultés professionnelles et relationnelles relativement modérées (pour la majorité, 40% des cas).
  • Soit le TDAH s’aggrave et apparaissent d’autres troubles comme l’alcoolisme, la toxicomanie, etc. (30% des sujets).

 

Il est donc très important d’accompagner un enfant qui souffre de TDAH, pour éviter un trop grand retentissement de ce trouble sur sa vie d’enfant mais aussi d’adulte. 

 

Pour cela, plusieurs choses sont à mettre en place en dehors de la maison : des aménagements scolaires (avoir une AVS à l’école, par exemple), des rendez-vous avec un psychomotricien pour enfant, parfois la prise de médicaments, mais aussi un suivi de l’enfant par un ou une psychologue qui travaillera notamment sur l’estime de soi, souvent bien endommagée par le TDAH. L’important, c’est que toutes ces démarches doivent être faites en lien avec les parents, qui sont des adultes clés pour l’enfant ! 

 

Aider un enfant TDAH se passe donc avec les parents et aussi à la maison. En effet, il faut faire preuve d’une vraie parentalité positive pour accompagner son enfant dans la bienveillance. On le rappelle, un enfant qui souffre d’un TDAH peut vite être épuisant ; s’il est hyperactif et impulsif, il bouge partout, ne tient pas en place, parle trop, n’attend jamais son tour, etc., et le versant « inattention » se caractérise par des oublis incessants ou la perte de ses affaires, du mal à suivre des consignes et à rester concentré sur une tâche : de quoi agacer les parents. 

 

Cet agacement est légitime, mais un enfant qui souffre d’un TDAH n’est pas responsable de son trouble : il faut donc s’armer d’une grande patience et ne surtout pas s’énerver et crier.  Facile à dire ? C’est vrai, mais voici quand même plein de conseils pour vous aider. À adapter à votre fonctionnement familial, aux recommandations des professionnels qui suivent votre enfant, et bien sûr à votre enfant lui-même ! On peut donc : 

  • Organiser une routine stable, le matin avant de partir à l’école par exemple, qui permettra d’éviter les oublis et de canaliser l’enfant en lui donnant des repères.
  • Faire des listes pour éviter les oublis, en cochant les cases pour que l’enfant visualise bien.
  • Aménager des espaces où l’enfant peut bouger à sa guise sans gêner les autres.
  • Expliquer le TDAH à son enfant, pourquoi il est suivi, et en parler en famille avec les frères et sœurs (ne pas en faire un tabou).
  • Encourager son enfant, se montrer positif dès qu’il fait des actions appropriées.
  • Ne pas le « noyer » sous de nombreuses consignes, lui apprendre au contraire qu’il faut faire une chose à la fois (pour encourager son attention à rester focalisée).
  • L’accompagner dans ses apprentissages, dans ses devoirs le soir (en n’hésitant pas à demander des conseils aux professionnels et à l’enseignant). Par exemple, les enfants peuvent préférer apprendre les leçons debout, en marchant.
  • Ne pas l’infantiliser.
  • Trouver des jeux ou des astuces qui lui permettent de comprendre les comportements adaptés et inadaptés (par exemple : prendre un objet quand on veut parler et attendre qu’on lui donne la parole, ce qui évite de couper incessamment les discussions des autres).
  • Rester à l’écoute et faire preuve d’adaptabilité.
  • Lui donner beaucoup d’amour, évidemment !

Image de couverture Par Photographee.eu / Shutterstock