Psychomotricien enfant : quand le consulter ?

Psychomotricien enfant : quand le consulter ?

Le métier de psychomotricien est encore assez peu connu et souvent confondu avec l’ergothérapie, la kinésithérapie ou encore l’ostéopathie. La psychomotricité fait partie des professions dites paramédicales, on dit aussi que c’est un auxiliaire médical. Les psychomotriciens sont des professionnels de la santé diplômés d’un DE (diplôme d’État) qu’ils obtiennent suite à 3 années d’études dans des instituts de formation spécialisés, sélectionnant sur concours. Ils peuvent travailler avec différents publics, et notamment avec les bébés et les enfants autour des difficultés psychomotrices. Kézako ? Comment savoir quand il faut consulter un psychomotricien pour son bébé ou son enfant ? 

Pourquoi aller voir un psychomotricien enfant ?

Pourquoi aller voir un psychomotricien enfant ?
Source : Photographee.eu / Shutterstock.com

Pour comprendre pourquoi il est intéressant et, dans certains cas, nécessaire que son enfant aille voir un psychomotricien, il faut commencer par comprendre la nature du travail de ce professionnel de santé. Avant toute chose, sachez que contrairement à ce qu’on lit beaucoup sur le net, le psychomotricien n’intervient pas forcément sur prescription médicale. Un médecin peut effectivement orienter votre bébé ou votre enfant vers un psychomotricien, dans une démarche pluridisciplinaire (qui impliquera différents professionnels de la santé, comme un kinésithérapeute pédiatrique par exemple). Vous pourrez accompagner votre enfant chez un psychomotricien qui travaille en libéral, mais également avoir une consultation à l’hôpital ou dans des structures publiques. Mais attention : vous pouvez aussi prendre rendez-vous chez un psychomotricien si vous êtes inquiets du développement psychomoteur de votre enfant ou sur les conseils de l’instituteur qui voit le comportement de votre enfant à l’école. Les séances de psychomotricité n’étant pas prises en charge par la sécurité sociale – certaines mutuelles participent aux frais, cependant – il n’est pas nécessaire d’avoir une ordonnance d’un médecin. 

Comme quand on a un bébé aux besoins intenses, il n’est pas toujours facile de savoir vers qui se tourner et ce qu’il faut faire si on a l’impression que son enfant a besoin d’un petit coup de pouce. On vous explique donc ce que fait un psychomotricien et quand aller le consulter. Un psychomotricien, comme son nom l’indique, travaille à la fois sur les aspects moteurs et sur les aspects mentaux. Attention : ce n’est pas pour autant un psychologue. La psychomotricité est définie par la fédération française des psychomotriciens comme « la discipline qui décrit, comprend et favorise les interactions naturelles entre le corps et l’esprit ». Dans cette discipline paramédicale, on va prendre en charge la personne dans sa globalité, parce que les fonctions motrices sont fortement liées à l’état psychique, relationnel et affectif. Le psychomotricien a pour but d’aider à atteindre l’équilibre psychocorporel : c’est-à-dire qu’il va accompagner ses patients (et notamment les enfants) vers une meilleure maîtrise de leur corps – l’enfant devra notamment pour cela mieux l’intégrer et le ressentir – en travaillant sur les fonctions motrices et sensorielles. Le but, c’est que le petit patient trouve un mieux-être corporel et psychologique. Le psychomotricien fait souvent de la rééducation des troubles psychomoteurs, mais peut aussi travailler dans une démarche de dépistage ou de prévention.

Finalement, pourquoi un enfant peut avoir besoin de voir un psychomotricien ? Voici quelques grandes situations dans lesquelles l’aide d’un psychomotricien sera très utile : 

  • Si l’enfant a besoin d’un bilan psychomoteur (on y revient juste après)
  • En cas de retards ou de désordres psychomoteurs : ils peuvent être très variés ! On peut citer par exemple un retard par rapport au développement dit « normal », des maladresses motrices ou des dyspraxies, des troubles du graphisme, un défaut de régulation du tonus (on pense par exemple à l’hypotonie de bébé), des troubles dans la latéralité, des troubles de l’organisation spatio-temporelle (difficultés à se repérer dans l’espace et dans le temps), etc.
  • Le psychomotricien est également un allié de taille dans la prise en charge d’une déficience intellectuelle, de troubles de la personnalité ou d’un défaut dans la régulation émotionnelle et/ou relationnelle. 
  • Notez enfin qu’un psychomotricien est tout indiqué si votre enfant souffre de TDAH (troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité) ou de TSA (l’autisme).

C’est quoi un bilan psychomoteur ?

C'est quoi un bilan psychomoteur ?
Photo de Keira Burton provenant de Pexels

Lors des séances, un psychomotricien peut faire un bilan psychomoteur à votre enfant. Ce bilan va permettre d’y voir plus clair sur les potentielles difficultés de votre enfant : son but est d’évaluer comment l’enfant se situe sur quatre grandes dimensions : la motricité, la cognition, la perception et la sensibilité (et évidemment, on regarde l’interaction de ses dimensions). Le bilan psychomoteur sert ensuite de base à une discussion entre professionnels de la santé pour déterminer la prise en charge adaptée : par exemple, si le petit patient a besoin d’être orienté vers un orthophoniste pour enfant, s’il a besoin d’aménagements au quotidien ou dans la classe (ce qui sera discuté avec un ergothérapeute) ou encore s’il a une maladie (un TSA ou un TDAH par exemple) – dans ce cas, le médecin pourra s’appuyer sur le bilan psychomoteur pour poser un diagnostic. Attention : un bilan psychomoteur seul ne sert à rien, il doit toujours être replacé dans le dossier du bébé ou de l’enfant (qui contient de nombreuses autres informations permettant une connaissance fine du patient). 

Un bilan psychomoteur se fait généralement sur plusieurs séances et est précédé d’un entretien préliminaire avec les parents pour récolter le maximum d’informations, afin notamment d’adapter le bilan à l’âge de l’enfant, du bébé (voire de l’adolescent) qu’il doit évaluer. 

Le bilan psychomoteur consiste en une batterie de tests, d’activités et de jeux, à divers degrés de complexité. On laisse aux experts le soin de déterminer les tests qui seront proposés, mais sachez que schématiquement, le bilan psychomoteur va évaluer : 

  • La coordination motrice de l’enfant : on va notamment regarder si l’enfant contrôle ses mouvements et sa force, s’il se tient bien assis sur une chaise, s’il sait attraper un ballon, s’il maîtrise son propre équilibre, s’il sait tenir un crayon et tracer des lettres ou faire des dessins.
  • Le schéma corporel de l’enfant : ici, il va s’agir de déterminer si l’enfant est bien latéralisé, s’il a conscience de son corps (qu’il sait nommer et montrer les différentes parties du corps), s’il ressent bien les différentes sensations qui lui proviennent de l’environnement (avec les différents sens : le toucher, mais aussi l’ouïe et la vision).
  • Son orientation temporo-spatiale (dans le temps et dans l’espace) : on va évaluer si l’enfant se repère bien, s’il sait planifier une activité, mais aussi s’il est capable de se concentrer sur une tâche. On regardera aussi comment l’enfant réagit au passage d’une activité à une autre.
  • Le degré d’autonomie de l’enfant : on cherche à savoir si l’enfant réalise des gestes adaptés à son âge (par exemple, on va repérer un enfant qui a des jeux encore très stéréotypés pour son âge), s’il est capable de faire des choses seul.
  • Enfin, on regarde les relations à l’autre et la communication : est-ce que l’enfant interagit avec les autres, ou bien les ignore ? Comment communique-t-il avec des adultes et avec ses pairs (les autres enfants) ? Quelle est sa communication verbale et non-verbale (par les gestes, les mimiques, les regards) ?

Pourquoi développer la motricité fine ?

Pourquoi développer la motricité fine ?
Photo de Sharon McCutcheon provenant de Pexels

Au-delà du bilan psychomoteur, un psychomotricien travaille avec les enfants sur de nombreuses dimensions de son développement psychocorporel, et notamment sur le développement de la motricité fine

La motricité fine a trait au contrôle des mouvements, mais elle est dite fine parce qu’elle concerne les mouvements précis, fins. On retient souvent les grandes étapes du développement moteur de son enfant (l’acquisition de la posture assise, de la marche), en étant parfois moins attentif au développement de la motricité fine (d’ailleurs parfois très développée chez des enfants qui ont plus difficultés dans la motricité globale : c’est le cas des petits enfants qui acquièrent la marche assez tardivement, mais qui commencent à dessiner très tôt ou qui sont capables d’empiler des petits objets avec beaucoup de soin et de précision). 

Il faut développer la motricité fine autant que les capacités motrices plus globales : en quelque sorte, savoir se tenir assis, debout, marcher est nécessaire, mais ce n’est qu’une première étape. Pour aller à l’école, apprendre, continuer à se développer harmonieusement et développer ce qu’on appelle les fonctions exécutives (les fonctions mentales supérieures qui permettent de raisonner par la suite) mais aussi la communication avec autrui, il faut aussi maîtriser la motricité fine : c’est celle qui va permettre de tenir un crayon et d’apprendre à écrire, vital pour les apprentissages scolaires ! Elle met souvent en jeu les mains et les doigts : l’enfant apprend peu à peu la préhension (savoir attraper des objets), mais aussi à les relâcher, à les donner, à les manipuler d’une main à l’autre, à les poser, à faire deux choses différentes simultanément avec ses mains, etc. Grâce à ces mouvements fins, on va devenir capable de tenir un crayon correctement, mais aussi de s’habiller, de faire ses lacets, d’utiliser des couverts pour manger et plus tard d’utiliser un clavier d’ordinateur, de faire de la musique… Bref : la motricité fine, que l’on acquière progressivement, est très importante pour la vie de tous les jours. 

C’est pour cela qu’en cas de retard dans l’acquisition de la motricité fine, qui peut avant tout entraîner des difficultés à l’école, le psychomotricien proposera des activités de motricité fine à votre enfant, afin de donner un petit coup de pouce à son développement ! 

Pourquoi faire de la psychomotricité en maternelle ?

Pourquoi faire de la psychomotricité en maternelle ?
Photo de Pavel Danilyuk provenant de Pexels

Vous le savez sans doute si vous avez un enfant en maternelle : la psychomotricité fait partie des activités proposées aux petits élèves. Les activités de psychomotricité, encadrées par les enseignants, font partie intégrante du programme scolaire. 

Si vous nous avez lu jusqu’ici, vous savez déjà pourquoi on fait faire de la psychomotricité aux enfants de maternelle. La psychomotricité, cela peut être des comptines accompagnées de gestes des mains ou en nommant les parties du corps, des exercices où l’enfant est allongé et doit dire où il sent un objet que l’adulte pose sur lui, le fait d’aller toucher un objet avec une partie du corps nommée par l’adulte, mais aussi sauter à pied joint, à cloche pied, faire des roulades, des pas chassés, faire le jeu du « Jacques a dit » (de se coucher, de lever le bras droit…), reproduire les gestes d’un autre élève (comme dans le jeu chef d’orchestre), renvoyer un ballon, etc. Les exercices de psychomotricité sont infinis ! 

Ces activités ludiques ne sont pas seulement des jeux pour amuser les enfants : ils permettent que les enfants prennent conscience de leur corps, apprennent à maîtriser leurs mouvements, reconnaissent leurs sensations… c’est finalement exactement le travail que fait le psychomotricien ! 

Source image de couverture : antoniodiaz / Shutterstock.com