L’hypertonie est une des caractéristiques, parmi d’autres, qui permet de reconnaître un BABI (bébé aux besoins intenses). Mais l’hypertonie est normale au début de la vie d’un bébé : tous les nourrissons présentent un tonus musculaire fort, qui va les conduire à agiter leurs bras et leurs jambes et à les fixer en flexion, ce sont des réflexes automatiques. Comment donc reconnaître un bébé hypertonique, dont l’hypertonie est anormale, et surtout vers qui se tourner pour détendre votre nourrisson ?
Reconnaître un bébé hypertonique
L’hypertonie renvoie à la notion de tonus musculaire. Il faut savoir que le tonus n’est pas la force des muscles : la tonicité, c’est le niveau d’activation des muscles lorsqu’ils sont au repos. Quand un bébé est « hypertonique », cela signifie qu’au repos, sans mouvement, ses muscles sont en quelque sorte trop contractés, trop fermes. Il faut bien comprendre que le tonus musculaire ne se contrôle pas, c’est automatique et non soumis à un mouvement, contrairement à la contraction volontaire des muscles lorsqu’on veut faire une action, comme serrer le poing. Pour bien comprendre cette notion, on peut aller voir du côté de l’hypotonie de bébé. L’hypotonie, c’est l’inverse de l’hypertonie, c’est un manque de tonus musculaire, qui conduit le bébé à être un peu « mou » et à ne pas savoir tenir sa tête à la naissance (les muscles, au repos, ne sont pas assez toniques, et ne retiennent pas sa tête qui « tombe » si on ne la tient pas quand on porte un nouveau-né dans les bras).
En réalité, on ne parle jamais vraiment de bébé hypertonique : le plus souvent, l’hypertonie du bébé, c’est juste le fait d’avoir un tonus supérieur à ce qu’il sera plus tard, dans l’enfance et à l’âge adulte. Un tonus normal permet de tenir sa tête sans y penser, d’être assis, debout sans devoir faire un effort pour cela, et surtout de contrôler ses mouvements et de coordonner ses gestes. Cette hypertonie aux premiers âges de la vie est donc normale : tous les bébés à la naissance, et jusqu’à quelques mois, sont hypertoniques au niveau de certaines parties du corps. Ils ont tendance à faire des mouvements incontrôlés et surtout à garder leurs membres inférieurs et supérieurs en position fléchie et ne sont pas capables de les étendre. Il suffit de penser à regarder un bébé éveillé et allongé sur le dos : le nourrisson va garder ses jambes ou ses bras fléchis au-dessus de lui. On parle de quadriflexion (la flexion de ces quatre membres), parce que les muscles fléchisseurs sont touchés par l’hypertonie (alors que le reste du corps est plutôt hypotonique).
Cependant, il arrive (rarement) qu’un bébé reste hypertonique plus longtemps que la moyenne : on l’a dit, en général, l’hypertonie disparaît d’elle-même au bout de quelques mois. Une vraie hypertonie qui demeure et s’installe dans le temps s’avère vraiment problématique, parce que le bébé qui devient jeune enfant aura du mal à suivre normalement les grandes étapes du développement psychomoteur (l’acquisition de la position assise, le 4 pattes, le début de la marche, la coordination de ses gestes…). Sachez cependant que c’est vraiment rarement quelque chose de grave : une hypertonie sévère et durable sera un signe parmi d’autres d’une autre pathologie, comme le syndrome pyramidal qui est une maladie rare. Dans tous les cas, si vous avez l’impression que votre bébé a un développement psychomoteur anormal, il est important d’aller consulter un pédiatre qui pourra chercher une éventuelle maladie qui l’explique… ou vous rassurer sur la normalité de votre bébé.
Finalement, savoir comment reconnaître un bébé hypertonique, ce n’est pas tellement la question à se poser. Tous les bébés ont tendance à l’être au début de leur vie : il ne faut donc pas s’inquiéter outre mesure. D’ailleurs, les médecins parlent très rarement de bébés hypertoniques : c’est souvent l’hypotonie qui est un signal d’alarme, comme le montre ce très bon article de la revue des praticiens, écrit par un médecin généraliste. Par contre, il se peut que votre bébé garde ce tonus trop fort un peu plus longtemps que les autres, ou qu’il soit associé à des symptômes comme des difficultés à téter allant jusqu’à un manque d’appétit et parfois une non prise de poids, une incapacité à se détendre et à s’endormir (notamment dans la voiture ou dans la poussette), une tendance à gigoter, à s’agiter en permanence et à être nerveux (bouger les jambes pendant qu’on donne le biberon, pleurer quand il est mis dans le transat ou dans le lit, se tortiller), des difficultés à être porté dans d’autres bras que ceux de ses parents… Tout ceci, au-delà de l’hypertonie possible du bébé, renvoie plutôt à ce qu’on appelle un BABI : un bébé aux besoins intenses. Cela peut aussi être les signes précoces d’un TDAH (troubles du déficit de l’attention – hyperactivité) : seul un médecin pédiatre ou un pédopsychiatre pourra poser ce diagnostic.
Parents : Comment détendre un bébé hypertonique ?
On sait que détendre un bébé hypertonique, ou plutôt un bébé qui est un peu nerveux et qui peine à se détendre – ce qu’on appelle parfois un BABI – devient un vrai enjeu pour des parents qui sont vite épuisés par ce bébé agité, nerveux, qui remue sans cesse, qui demande parfois très souvent le sein, les bras et qui peut refuser de dormir. Attention cependant : on le redit ici, il vaut mieux toujours aller consulter un pédiatre si jamais votre bébé semble présenter un retard dans les étapes normales du développement, parce que plus tôt un retard est pris en charge, plus il y a de chance que les conséquences pour l’avenir soient atténuées. En résumé : on commence par voir un pédiatre pour lui faire part de ses inquiétudes et avoir un bilan pédiatrique qui déterminera si votre bébé a une pathologie ou s’il est seulement un peu plus nerveux et agité que la moyenne.
Si votre nourrisson se place dans la deuxième catégorie, ne mentons pas, il n’y a pas de solution miracle pour vous, jeunes parents parfois un peu à bout, face à un bébé qui n’est pas malade mais qui est agité. Le pédiatre vous le dira d’ailleurs, il faut surtout attendre que cela passe avec le temps parce que c’est transitoire (bonne nouvelle : ces premiers mois de la vie ne disent rien de l’enfance et de l’adolescence de votre bébé, qui pourra s’avérer très calme par la suite). Mais pour aider votre bébé à se détendre et vous permettre de souffler un peu, il y a quand même des choses que vous pouvez faire (et heureusement). Voici quelques conseils :
- Conseil 1 – évitez les rituels du coucher trop longs. Même si votre enfant ne s’endort pas tout de suite, ne restez pas à côté pour vérifier qu’il dort bien. Si cela est possible, mettez-le également dans sa propre chambre. Stresser à côté de son bébé parce qu’il ne s’endort pas n’est pas la bonne solution pour le détendre, et le bercer pendant des heures et des heures ne l’habitue pas à trouver le sommeil par lui-même.
- Conseil 2 – privilégiez des activités calmes, notamment avant le coucher. Surtout pas de télévision ou de musique, et faites plutôt des jeux calmes avec votre enfant (adaptés à son âge).
- Conseil 3 – apprenez à laisser pleurer votre bébé. Attention : évidemment, on ne le laisse pas des heures dans la détresse, mais chaque jour, on attend quelques minutes de plus avant d’aller le rassurer. Le but est d’apprendre progressivement à votre bébé à s’apaiser seul, tout en lui montrant toujours que vous êtes là pour apaiser ses pleurs.
- Conseil 4 – emmaillotez votre bébé pour lui donner son biberon ou le sein. Cela peut lui permettre de se détendre et de bien s’alimenter. Il faut aussi lui faire sentir que vous l’entourez quand vous le prenez dans vos bras.
- Conseil 5 – parlez avec une voix douce à votre bébé lorsque vous l’avez dans les bras. Vous avez peut-être déjà entendu dire que les bébés, et les enfants sont des éponges : c’est assez vrai, ils sont très réceptifs. Parler doucement et le bercer peut l’apaiser !
- Conseil 6 – suivez les recommandations d’un pédopsychiatre, d’un ostéopathe ou de tout professionnel que vous irez consulter.
Une prise en charge médicale multidisciplinaire pour vous accompagner
Nos conseils sont très généraux, et c’est normal : ils peuvent vous aider, mais rien ne remplacera une prise en charge médicale et multidisciplinaire qui sera adaptée très finement à votre bébé. Un accompagnement de qualité passe par un ou plusieurs professionnels de la santé qui sauront évaluer avec précision les difficultés de votre bébé et les gestes qui pourront le soulager (et vous aussi).
D’abord, il faut commencer par voir un pédiatre, nous en avons parlé plus haut, afin de déceler un retard de développement et une éventuelle pathologie. Mais d’autres professionnels de la santé peuvent vous être très utiles : c’est le cas d’un pédopsychiatre, qui prendra le temps de comprendre la dynamique familiale dans laquelle évolue votre bébé, son environnement, ses difficultés spécifiques. Pas d’inquiétude : aller voir un pédopsychiatre ne veut pas dire que votre enfant a une maladie mentale ; ce médecin peut simplement vous aider à comprendre au mieux les besoins de votre bébé, qui n’y est pour rien dans ce qui lui arrive, et vous non plus !
Ensuite, il est utile de se tourner vers un ergothérapeute ou un kinésithérapeute spécialisé pour les enfants qui pourront masser bébé, l’aider à se détendre, et vous montrer les bons gestes à adopter quand il est tendu, qu’il ne s’alimente pas bien ou qu’il ne s’endort pas.
Enfin, il ne faut pas négliger l’aide que peut vous apporter un psychologue : là encore, vous n’êtes pas malade, mais certains parents se sentent fautifs, ont peur de leurs propres sentiments (notamment quand ils en ont marre de ce bébé nerveux et agité alors qu’ils l’aiment) et se sentent dépassés sans oser avouer qu’ils auraient bien besoin d’une oreille attentive pour déculpabiliser et cesser de s’inquiéter. Ces consultations peuvent se faire en famille, avec votre bébé ou seul, et les psychologues spécialisés dans la petite enfance sont capables de vous prodiguer de bons conseils.
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