L’hypotonie chez bébé

L'hypotonie chez le bébé

Parmi les symptômes, ou plutôt les signes qui caractérisent certaines pathologies, on retrouve l’hypotonie. Symptôme présent dans la trisomie 21 ou syndrome de Down, l’hypotonie est un manque de tonus musculaire. On peut suspecter ou repérer ces maladies précocement, quand on se trouve face à un enfant qui semble un peu mou, qui a du retard dans l’acquisition de la posture assisse ou de la marche ou encore qui se fatigue et a du mal à coordonner ses mouvements. Sachez que tous les bébés sont plutôt hypertoniques à la naissance – c’est l’inverse de l’hypotonie : ils vont avoir tendance à fixer leurs membres en flexion, en étendant les bras ou les jambes. Mais tous les bébés en bas-âge sont aussi hypotoniques, à divers degrés : on remarque par exemple que le maintien de la tête n’est pas acquis dès la naissance, c’est pour cela que quand on porte un bébé dans les bras, on lui soutient toujours la tête. Il ne faut donc par faire preuve d’inquiétude excessive si votre jeune enfant semble un peu mou et maîtrise mal ses mouvements. Voyons donc ce qu’est l’hypotonie chez bébé, et à quel moment il faut s’en inquiéter ! 

C’est quoi l’hypotonie ?

C'est quoi l'hypotonie ?
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Si on revient à l’étymologie, le terme d’hypotonie est composé du terme grec « tonos », qui signifie « tension » ou « tonus », et du préfixe « hypo », qui veut dire « en dessous » ou « inférieur ». L’hypotonie, c’est donc un manque de tonus musculaire. L’hypertonie, c’est donc l’inverse : c’est un excès de tonus musculaire, et le bébé est hypertonique au début de sa vie. 

Le tonus musculaire est un synonyme de la tonicité. Contrairement à ce qu’on peut penser, le tonus musculaire désigne le niveau d’activation d’un muscle quand il est au repos : la notion de tonus n’implique pas de mouvement, ni de contrôle volontaire. Le tonus musculaire, c’est en quelque sorte la fermeté des muscles au repos. Même lorsqu’on ne les sollicite pas directement pour faire une action (par exemple : tourner la tête d’un côté pour voir quelque chose, en sollicitant les muscles du cou), nos muscles sont en permanence dans un état de contraction légère (sinon, votre tête tomberait en arrière, comme celle d’un bébé). 

L’hypotonie, c’est donc un manque de tonus musculaire : au repos, les muscles sont sous-contractés, ce qui va demander un effort supplémentaire au moment d’effectuer un mouvement. Par contre, c’est seulement si l’hypotonie s’installe dans le temps que les muscles seront faibles.  

Comment savoir si bébé est hypotonique ?

Comment savoir si bébé est hypotonique ?
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Il faut distinguer deux choses : une hypotonie normale chez le bébé pour laquelle il n’y a pas de raison de s’inquiéter, et une hypotonie pathologique infantile qu’il faudra prendre en charge. 

Du fœtus au nouveau-né, le bébé s’est déjà bien développé dans le ventre de sa Maman ; mais le développement continue après la naissance. Il y a de grands repères dans le développement normal du bébé et de l’enfant : la fin de l’hypotonie en fait partie. Notez que chez un nourrisson, c’est surtout l’hypertonie des membres inférieurs (les jambes) et supérieurs (les bras) que l’on remarque au départ : cette hypertonie précoce explique la « marche automatique » (lorsque votre bébé semble marcher un pas après l’autre : c’est en réalité juste un réflexe). Le bébé perd la marche automatique, et apprendra à marcher plus tardivement souvent vers 13 ou 14 mois, parce que le tonus évolue. En effet, on peut dire que l’enfant en bas-âge est plutôt hypotonique, et en tout cas qu’il manque de tonus. C’est avec le temps qu’il va acquérir le maintien de la tête (vers 3 mois), puis la position assise, c’est-à-dire qu’il peut « tenir » le haut de son corps (vers 6/8 mois), puis la position debout (entre 8 mois et 12 mois avec un bon tonus au niveau des membres inférieurs) et enfin on aura le 4 pattes, puis le début de la marche. Ces étapes du développement postural sont soumises à l’évolution du tonus, qui tend finalement vers un équilibre : il ne doit ni être trop fort (hypertonie) ni trop faible (hypotonie). Tout cela dépend d’un tas de mécanismes, et notamment du cerveau qui va être capable, peu à peu, d’envoyer les bonnes informations aux muscles pour maintenir de façon automatique une posture stable. 

Mais certains bébés, et a fortiori enfants, sont particulièrement hypotoniques. Pour le savoir, sans forcément avoir de point de comparaison, on peut commencer par se référer aux étapes du développement normal : par exemple, si votre bébé semble avoir encore la « tête lourde », qui tombe, autour de 6 mois, ou qu’il peine à se tenir assis vers 1 an, il peut souffrir d’une hypotonie plus importante que la moyenne. Cependant, tous les bébés sont différents et ne suivent pas à la lettre ces repères temporels du développement : par exemple, nul besoin de s’inquiéter si votre enfant ne marche pas à 1 an, on dit en général que c’est après 1 an et demi que cela doit alerter.

Pour repérer l’hypotonie de façon plus fine, d’autres signes sont à remarquer. Les voici :

  • votre bébé ou votre enfant est particulièrement fatigable quand il joue (son tonus musculaire faible lui demande de faire plus d’efforts),
  • il n’est pas à l’aise quand il est assis à une table, il ne se tient pas droit (il est « tout tordu »),
  • il a du mal à faire des activités de motricité globale et à coordonner ses mouvements ou ses gestes (attraper un jouet par exemple) mais il est meilleur dans la motricité fine (empiler des petits cubes qu’il a à proximité de lui par exemple),
  • il semble mou, il a du mal à se concentrer, il tombe,
  • pour les bébés il n’arrive pas à se tourner du dos sur le ventre,
  • il s’adonne à des activités d’autostimulation (on peut penser qu’il est un peu hyperactif, mais en réalité il cherche à « sentir » en faisant des mouvements souvent répétitifs pour pallier la faiblesse du tonus musculaire),
  • il mange très rapidement (c’est un autre mécanisme de compensation)
  • ou bien il a du mal à s’alimenter et à avaler la nourriture,
  • il tient ses crayons d’une manière inhabituelle
  • pour les enfants qui parlent déjà, il parle trop rapidement

Cette liste n’est pas exhaustive et sert seulement à vous guider dans la compréhension des difficultés que peut présenter votre enfant. Pour déterminer si votre enfant est souffrant d’hypotonie, et de quelle pathologie elle est le signe (auquel cas, d’autres symptômes seront associés), il est important d’aller consulter un pédiatre. Celui-ci saura vous guider dans la prise en charge d’une hypotonie anormale, notamment pour qu’elle n’influence pas négativement la suite du développement de votre enfant. Pour ne vous donner qu’un exemple, si votre enfant n’arrive pas à se tenir droit, cela peut finir par abîmer sa colonne vertébrale et créer des complications. Il faut donc prendre en charge l’hypotonie, et déceler rapidement la pathologie qui peut en être responsable !  


Comment traiter l’hypotonie chez le bébé ?

Comment traiter l'hypotonie chez le bébé ?
Source : Lesya Pogosskaya / Shutterstock.com

Avant toute chose, il est donc important de consulter un docteur en pédiatrie, qui évaluera le degré d’hypotonie de votre bébé et saura déterminer si c’est une pathologie qui cause ce trouble ou si votre bébé a juste un petit retard dans son développement psychomoteur. Il pourra aussi conseiller d’attendre de voir l’évolution pour fixer un diagnostic. Il y a de nombreuses causes qui peuvent conduire à une hypotonie anormale : chez les bébés, ce sera plutôt des maladies génétiques comme la trisomie 21 (ou syndrome de Down), qui est la plus connue, des anomalies du système nerveux central ou des anomalies au niveau du système musculaire. 

Selon la pathologie, la prise en charge ne sera pas forcément la même. Par contre, c’est souvent une prise en charge multidisciplinaire. On fait en général appel à un kinésithérapeute pédiatrique, qui va faire avec l’enfant ce qu’on appelle une physiothérapie (l’autre nom de la masso-kinésithérapie). Dans ce cadre, le professionnel de la santé accompagne votre enfant à mieux coordonner et stabiliser ses gestes, mieux se tenir en améliorant la posture. Pour cela, il va demander à votre enfant de faire des exercices, ou faire faire des mouvements à votre bébé. Il faut que ces séances soient régulières. Cette rééducation doit se faire avec les parents, afin que le professionnel puisse vous expliquer quels exercices faire avec votre bébé une fois rentré à la maison. On peut aussi faire appel à un psychomotricien ou à une psychomotricienne. 

L’hypotonie peut aussi conduire à des séances d’ergothérapie : l’ergothérapeute évaluera d’abord le fonctionnement moteur de l’enfant, et aidera ensuite à trouver des solutions pour que l’enfant puisse faire les activités du quotidien, éventuellement avec des aides matérielles, mais aussi avec une réadaptation de l’environnement et de la prise en charge de l’enfant (notamment à l’école). À la maison, cela peut passer par des jouets spécifiques qui vont inciter votre enfant à bouger. 

Enfin, l’hypotonie peut nécessiter des séances d’orthophonie, afin que le tonus musculaire trop faible qui empêche d’articuler, de bien s’alimenter ou qui conduit à parler trop vite pour compenser ne se transforme pas en réelles difficultés de langage. Il s’agira de stimuler la sphère oro-faciale, peu prise en charge par les autres spécialistes. 

Photo de couverture : Pixel-Shot / Shutterstock.com