Comment savoir si mon enfant présente un retard de développement ?

Comment savoir si mon enfant présente un retard de développement ?

Vous le savez sans doute déjà, tous les enfants ne vont pas au même rythme en ce qui concerne les différentes étapes de leur développement : la tenue de la tête, l’orientation du regard, la capacité à saisir des objets, la position assise, le « quatre pattes », la marche ou encore le langage sont autant de grandes étapes du développement que les enfants ne passent pas tous au même moment. Par exemple, certains de nos bambins passeront beaucoup de temps à explorer leur monde à quatre pattes (inquiétant parfois les parents quant à un retard sur l’acquisition de la marche), d’autres au contraire apprendront rapidement à marcher et se retrouveront très tôt à gambader sur leurs deux pieds dans tous les coins de la maison. Quand on est parent, il arrive souvent de comparer son enfant à d’autres et parfois, à s’inquiéter du fait que son bébé soit en décalage par rapport aux autres – s’il n’a pas dit ses premiers mots, par exemple. Il n’est pas anormal de se demander si son enfant présente un retard de développement, tant le rôle de parent pousse à s’inquiéter du développement normal de son enfant ; cependant, beaucoup de ces inquiétudes légitimes peuvent être dissipées en connaissant mieux le développement normal d’un bébé et les interlocuteurs vers lesquels se tourner en cas de doute. 

 

Mon enfant a-t-il un retard de développement ?

Commençons par clarifier un point important : le développement d’un enfant comprend différentes dimensions. Classiquement, on peut distinguer : 

  • Le développement psychomoteur et postural : pour ce qui a trait à la motricité globale et à la maîtrise de son corps. 
  • Le développement cognitif : pour ce qui concerne les fonctions cognitives, que sont notamment le langage, la mémoire, l’attention etc.
  • Le développement communicatif et socio-adaptatif : pour ce qui touche à la communication et au fait d’avoir un comportement adapté à la vie en société
  • Le développement affectif et de la personnalité : par exemple, un bébé qui grandit bien va avoir une phase d’angoisse de la séparation d’avec sa figure d’attachement (il va pleurer quand sa mère quitte une pièce) avant d’accepter cette séparation. 

Le développement global d’un enfant concerne donc toutes ces dimensions, qui interagissent évidemment entre elles. On parle de développement « normal » ou « ordinaire » d’un enfant quand ce dernier passe, à son rythme, par les grandes étapes du développement, et qu’il acquière les compétences attendues pour son âge. A l’inverse, le retard de développement arrive quand, sur une ou plusieurs des dimensions développementales, l’enfant est en-dessous du niveau de ce qui est attendu pour son âge. Voyons cela un peu plus en détail. 

 

Qu’est-ce que le retard de développement ?

Contrairement à une idée reçue, on ne parle pas de retard de développement dès qu’un bébé ou un enfant est en décalage avec un âge précis auquel il serait censé avoir acquis telle ou telle compétence. Par exemple, ce n’est pas parce qu’un enfant n’a pas acquis la marche à 16 mois qu’on va parler d’un retard de développement. On considère certes que la marche s’apprend autour de 13/14 mois (et donc 16 mois serait au-delà de ce moment) mais c’est seulement après le 19ème mois que l’absence de la marche devient inquiétante. Dites-vous bien que le développement n’est pas linéaire et que tous les enfants vont à leur rythme : les spécialistes de la petite enfance ont donc des critères et des tests précis pour évaluer si un enfant présente un véritable retard ou si c’est un simple « décalage » dans le temps. 

Autre prénotion qu’il faut écarter : « le retard de développement c’est quand mon enfant a des problèmes sur la motricité ». Comme dit plus haut, le développement est une notion large et plurielle, il comporte différentes dimensions (qui évidemment interagissent entre elles) : il ne faut donc pas confondre « retard de développement » et « retard psychomoteur ».

À présent, pour bien comprendre, il va falloir distinguer retard global de développement et retard (spécifique) de développement. 

Commençons par le retard global de développement : c’est quand un enfant présente un important retard dans au moins deux sphères de développement (c’est pour cela qu’on dit qu’il est « global »). Un médecin (en général un pédiatre ou un pédopsychiatre) pourra poser ce diagnostic, parfois à partir d’un bilan souvent mené par un psychologue, en analysant les scores de l’enfant à des tests standardisés qui évaluent ses compétences dans différents domaines (motricité, langage, sphère cognitive, sphère sociale, activités de la vie quotidienne). Pour être précis, il y a un retard global de développement quand le score de l’enfant est au moins deux écarts-types en dessous de la moyenne des scores habituels. Attention : retard global de développement ne signifie pas forcément qu’il y a un handicap intellectuel : parfois, les deux vont de pair, mais le handicap intellectuel repose sur d’autres critères (ce sont des enfants qui ont un déficit des fonctions intellectuelles, qui est évalué par des tests d’intelligence précis, et un déficit des fonctions adaptatives, c’est-à-dire qu’ils ne savent pas être autonomes et s’adapter à leur environnement). Un enfant qui a un retard global de développement peut avoir des difficultés sur le plan intellectuel (ce qui ne signifiera pas forcément qu’il y a un handicap intellectuel), mais ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, un enfant peut ne pas très bien réussir dans la sphère motrice et dans la communication sociale, mais avoir une intelligence normale. 

Le retard de développement « spécifique », quant à lui, concerne une seule dimension du développement – c’est pour cela qu’il est dit spécifique. Il existe donc le retard de la motricité, quand un enfant a du mal à passer les étapes normales (tenir sa tête tout seul, s’asseoir tout seul, marcher tout seul etc.), le retard intellectuel et cognitif, mais aussi celui sur le plan communicatif (quand le niveau de langage de l’enfant ne correspond pas à son âge, en étant inférieur), ou encore sur le plan affectif et social (quand un bébé ne pleure jamais par exemple, ou quand un enfant ne parle jamais aux autres enfants de son âge). 

Qu’est-ce que le retard de développement ?
Par Anna Kraynova / Shutterstock

 

Quand s’inquiéter d’un décalage de développement pour mon enfant ?

Il faut savoir qu’un retard de développement chez un enfant de moins de 5 ans peut en général se rattraper et n’avoir peu, voire aucune conséquence sur le devenir de l’enfant. C’est une très bonne nouvelle pour les parents qui sont très inquiets quand un spécialiste de la petite enfance leur annonce que leur enfant a du retard. 

Par contre, pour être sûr combler ce retard et donner à votre enfant toutes les clés pour réussir au mieux dans sa vie, il faut l’accompagner : même si un retard spécifique de développement peut se résorber seul, il vaut mieux aider son enfant. C’est bien sûr encore plus vrai quand on parle d’un retard global de développement. 

Il faut donc savoir repérer les signes d’un retard de développement chez son enfant, mais ne pas s’inquiéter quand il s’agit juste d’un petit décalage dans le temps… Pas facile ? Vous allez voir que ce n’est pas si dur que cela, et surtout que vous n’êtes pas seul !

Les signes annonciateurs d’un retard de développement

Il n’y a pas réellement de signes « annonciateurs » d’un retard de développement, mais plutôt des indices que votre enfant présente un retard. Le meilleur conseil, dès que vous avez un doute, c’est d’aller consulter un spécialiste de la petite enfance – un médecin pédiatre, votre généraliste, un psychologue pour enfant, un psychomotricien si le retard vous semble être moteur : vous avez beaucoup d’options ! 

Sachez également être à l’écoute des professionnels qui fréquentent votre enfant : le maître ou la maîtresse d’école, sa nounou ou son assistante maternelle, le personnel de sa crèche… ils sont habitués à travailler avec des jeunes enfants et peuvent remarquer différents signes, comme : 

  • Des difficultés à s’exprimer, à communiquer (que ce soit par le langage, par les gestes ou par les pleurs qui, chez les bébés, ont pour fonction d’alerter les adultes).
  • Des difficultés de compréhension (quand on donne une consigne par exemple).
  • Une absence d’intérêt pour le monde qui l’entoure (pour les jouets comme pour les autres enfants), qui peut aller avec un certain isolement social (un enfant qui ne s’intéresse pas à ses pairs et qui est bien « tout seul »).
  • Un manque d’intérêt pour la motricité globale (un enfant qui n’a pas envie de ramper, ni de regarder autour de lui, par exemple), avec parfois une grande mollesse dans les gestes.
  • Des difficultés en motricité fine (pour tenir un crayon, empiler des cubes sans les faire tomber). 

Les causes du retard de développement 

Un retard de développement a de différentes étiologies possibles : plusieurs éléments peuvent expliquer, ou participer à l’apparition d’un tel retard. Quand on parle d’un retard spécifique de développement, on peut trouver : 

  • Des facteurs héréditaires.
  • Des carences affectives : une séparation très précoce d’avec la maman (par exemple en cas de naissance prématurée) ou bien un contexte familial dans lequel les parents ont peu de temps pour s’occuper du bébé. 
  • Le hasard et le fait que chaque enfant va à son rythme ! 

 

Quand on parle plus spécifiquement d’un retard global de développement, et en particulier d’un retard intellectuel, on peut trouver comme causes : 

  • Les anomalies du chromosome X
  • Les malformations au niveau du cerveau 
  • Le manque d’oxygène cérébral à la naissance (anoxie) ou une hémorragie cérébrale.
  • Les intoxications au cours de la grossesse (comme l’alcoolisme fœtal)
  • Les accidents pendant l’accouchement ;
  • Les séquelles après l’accouchement (traumatisme craniocérébral, méningite, noyade…).
  • Les infections.
Les causes du retard de développement
Par Olesia Bilkei / Shutterstock

Quand consulter un spécialiste ?

Face à une présomption de retard de développement, et comme la gravité de ce retard est très variable (selon qu’il est spécifique, global ou qu’il relève d’un handicap intellectuel), il est important d’aller consulter un spécialiste dès que l’on a des doutes. Sachez quand même que pour prévenir un retard intellectuel, les grossesses jugées à risque sont surveillées étroitement. 

Ne stressez pas votre enfant quand vous décidez de l’amener voir quelqu’un : inutile de lui donner l’impression qu’il n’est pas normal ou qu’il a un problème – encore une fois, à chacun son rythme, sans bilan vous ne pouvez pas savoir si votre enfant a un handicap ou non, et en général, il est détecté très rapidement après la naissance, voire pendant la grossesse.

 

Solliciter l’intervention d’un spécialiste

Amener son bébé ou son enfant devant un spécialiste n’est pas forcément agréable, mais cela n’a rien de tabou : votre petit a déjà vu un médecin pédiatre, vous pouvez donc commencer par là si vous voulez qu’il soit en confiance. Sinon, votre médecin généraliste qui vous connaît en général très bien peut être la première personne à laquelle vous faites part de vos interrogations ! 

Vous pouvez également aller consulter un psychologue spécialisé pour les enfants : dans les écoles, il y a des psychologues scolaires qui sont habitués à ce public, cela peut être un début. N’oubliez pas les consultations de psychologie gratuites qui peuvent exister dans votre ville (comme les CMP pour enfants) : oubliez les préjugés sur la psychologie – aller consulter un psychologue ne veut pas dire que votre enfant a un problème mental ou qu’il est fou, ce sont des professionnels habitués à détecter des troubles chez l’enfant et à les aider à les dépasser, en lien avec le corps médical. 

 

Les diagnostics d’un retard de développement

Un diagnostic de retard de développement ne peut être posé que par un médecin (en général, un pédiatre, ou bien un neuropédiatre ou un pédopsychiatre ; bref, les médecins spécialistes des enfants). Cela ne signifie pas que le médecin travaille seul avec votre enfant !

On a déjà évoqué la présence de critères précis pour évaluer un retard de développement : cela signifie qu’il faut faire passer des bilans reconnus à un enfant avant de déterminer s’il a un retard de développement. Cela peut être fait par un médecin, mais bien plus souvent par un psychologue, un orthophoniste, un psychomotricien ou encore un kiné, selon le type de retard que l’on suspecte. L’important, c’est que les parents s’investissent dans cette démarche, en rassurant leur enfant, et sans lui faire sentir qu’il a un problème. 

Une fois le diagnostic posé, la prise en charge est souvent pluridisciplinaire, pour aider au mieux votre enfant à rattraper son retard et à se développer normalement, comme tout le monde. On le répète, un retard de développement bien pris en charge évolue le plus souvent vers une récupération totale et ne laisse aucune séquelle ! 

Image de couverture Par Natalia Smu / Shutterstock